Historique de sa  reconstruction

En 2007, l’association Garrotxes-Conflent récupère une parcelle privée dans le village d’Ayguatebia, à la condition posée par la propriétaire que le moulin à foulon, autrefois présent et totalement ruiné, soit entièrement reconstruit. Pari tenu, les membres de l’association relèvent le défi et commencent à mettre en place le projet. Ils ont été aidés par l’IUT de Perpignan pour la partie technique de calcul de débit d’eau et de dimensionnement et par le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes pour l’approvisionnement en bois local devant servir à la charpente. Également, l’association El Mener a mis en place un chantier d’insertion pour le gros œuvre de la construction, et un menuisier local a réalisé le mécanisme de roue et de foulon. Aussi, les habitants et sympathisants ont donné de leur temps et de leur énergie. En 2011, le moulin à foulon renaissait de ses cendres avec la possibilité de mettre en fonctionnement la roue à aube et les marteaux pour les besoins des visites commentées, proposées par l’association chaque année de mai à septembre, depuis 11 ans.

Qu’est-ce que la technique du foulage ?

Le foulage consiste à pilonner une pièce de drap dans une cuve d’eau mélangée à de l’argile smectique (les étoffes étant mises au foulon, grasses de l’huile qui avait été utilisée pour filer). Les fibres se gonflent, le drap gagne en souplesse. Si l’utilisation des foulons apparait en France au XIe siècle, on trouve en Conflent des « traces de moulins à fouler les draps » dès le XIIe. Les recherches aux archives départementales des Pyrénées-Orientales (A.D.P.O.), ont permis de retrouver divers documents mentionnant l’installation d’un foulon à Ayguatébia au XVIIe.

  • Vente d’un moulin drapier à Thomas TRONYO en 1660 « Estèbe de Xeus pagès del lloch de Ayguattébia ven perpetuament…un moli draper a Thomas Tronyo… » (A.D.P.O 3E 19/894)
  • Vente d’une terre pour agrandir l’espace du moulin drapier en 1666 « De un siti de terra per un moli draper….el moli ja es fet » (A.D.P.O 3E 19/990)
  • Dotation de matériaux pour un moulin drapier en 1770 « Etat des bois nécessaires au nomm Jean Tronyo, garson d’Ayguatébia pour envastir un moli draper en la dita comonauté, arbres, branches… » (A.D.P.O 1C1913

  

Sur le plan cadastral napoléonien, la parcelle 943, dans le haut du village porte la mention : « foulon »

  • Sur les matrices cadastrales (A.D.P.O. 1016W18, 1016W19, 1826/1913) on trouve la famille TRONYO propriétaire du moulin à foulon, noté : « écroulé en 1857 »
  • La famille SURJOUS devient propriétaire de ce « sol de foulon » et le MOLI DEL XIC apparaît dans le bas du village (parcelle actuelle : 994) « foulon, démolition en 1902 (A.D.P.O.1026W10 :1883/1913)
  • De même se sont succédés sur la parcelle 1345, sise au village, une suite de propriétaires TRONYO tisserand jusqu’en 1806, à SURJOUS Félix en 1902, le foulon fonctionnant avec cet atelier.

Petite histoire du foulon dans la vallée autrefois…

Jusqu’au début du siècle dernier, « el Cami Real » empruntait le versant ensoleillé de la vallée du Cabrils, axe majeur pour aller d’Olette à Formiguères. La vie pastorale de nos villages était basée sur l’utilisation des prairies de montagne, des prés de fauche, mais aussi sur la culture du chanvre, des céréales, choux, navets et pommes de terre. Outre l’élevage et l’agriculture, des ressources naturelles avaient permis de développer forges et artisanat grâce à la force hydraulique des torrents et rivières. 24 moulins étaient en activité dans la vallée : moulins à grain, foulon, scieries, forges. On dénombrait entre 1826 et 1900, pour le seul village d’Ayguatébia : 2 scieries, 6 moulins à farine, 1 foulon qui fonctionnait avec l’atelier de tisserands du village. Chaque village possédait : meunier, menuisier, forgeron, tisserand, charbonnier, forestier : « Cal Fuster, Cal Moliner, Cal Ferrrer, Cal Tixeire » peut-on lire encore sur les façades des maisons.

Un patrimoine en danger 

Le moulin à foulon d’Ayguatébia est l’unique en fonctionnement dans les Pyrénées-Orientales, dans la moitié sud de la France il faut aller jusqu’en Charente pour en trouver un semblable. Il constitue donc une attraction de visite patrimoniale unique dans notre territoire des Pyrénées catalanes. Malheureusement, les membres de l’association ont constaté une usure prononcée du bras de la roue à aube, par voie de conséquence le mécanisme du moulin à foulon est à l’arrêt depuis quelques mois. Une intervention urgente de restauration du mécanisme extérieur en bois est nécessaire afin que les visites et la transmission de l’histoire de ce site emblématique se poursuive.

L’association Garrotxes-Conflent cherche des adhérents pour s’investir un peu, beaucoup ou passionnément dans la valorisation et la préservation du patrimoine des Garrotxes. Si vous êtes intéressés veuillez contacter la Présidente Madame Maryse Lopez au 06-86-63-15-96

 

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