Introduction et contexte

La chenille processionnaire du Pin est présente de façon cyclique. Il s’agit d’un ravageur hivernal commun des pinèdes d’Europe du Sud (pin sylvestre, pin à crochet, pin noir, etc.). Le cycle biologique est annuel. Les populations de processionnaires subissent des fluctuations importantes et assez régulières s’étalant sur plusieurs années. Nous sommes en ce moment, dans une phase de progression du nombre de chenilles et de dégâts. Cette pullulation dure, en générale, deux à trois ans suivant les secteurs et devrait atteindre son pic l’hiver 2023-2024 pour progressivement diminuer.

En plus d’être situé au seuil épidémique du cycle biologique, les chenilles ont été favorisées par un contexte climatique exceptionnel cette année (températures douces, peu d’intempéries). Ses attaques sont particulièrement visibles en haut-conflent, cerdagne et capcir, notamment sur les communes de Bolquère, Egat, Font-Romeu, Estavar.  Suite à ce constat alarmant, une tournée sylvo-sanitaire a été organisée avec le pôle interrégional Sud Est de la Santé des Forêts au col de Portus dans la forêt de Conat (refuge de la Moulines, au-dessus d’Olette Evol en Conflent).

Actions : Observations et prévention à l’issue de la tournée sylvo-sanitaire

Constat réalisé sur site : Nous nous situons au stade où la chenille processionnaire a tissé les nids au sommet des pins et s’est préparé à affronter l’hiver. Les pins ne sont pas fortement touchés, les aiguilles ont été partiellement consommées par les chenilles. Cela affaiblit les arbres, mais ne conduira en aucun cas à leur dépérissement.

On observe sur certains pins dont les aiguilles ont été consommées dans la quasi-totalité que la procession a déjà été réalisée. Il s’agit d’une procession de famine précoce : les chenilles vont descendre de l’arbre à la recherche d’un nouvel arbre-hôte qui leur permettra de s’alimenter en aiguilles vertes. Il est noté que les pins totalement attaqués repartiront au printemps, en produisant des aiguilles plus petites.

A savoir : Les chenilles affaiblissent l’arbre mais ne le tuent pas

Les nids sont localisés autour de zones fréquentées (sentier de promenade/randonnée PR, refuge de la Mouline, zones de piquenique, etc .). Cependant, la période de vigilance étant je janvier à avril (procession, période urticante), cela ne devrait pas poser de problèmes pour l’activité de chasse et de pastoralisme (estives printanières).

A savoir : La période de vigilance est définie lorsque la chenille processionnaire est à son stade le plus urticant (stade L5) : elle projette des poils microscopiques, qui fonctionnent comme des harpons. Quand on se gratte, le poil se casse et libère une substance urticante et allergène. Les conséquences sont très graves en cas d’ingestion, de respiration ou d’impact dans l’œil.

Que faire en cas de contact ?

– Animal : Rincer à l’aide d’un tissu humide les zones contaminées, ne pas laisser boire. Contacter immédiatement un vétérinaire

– Humain : En cas de suspicion de contact, rincer à l’eau chaude et changer de vêtements. Consultez un médecin en cas de symptômes.

Précautions à avoir

– Ne pas toucher aux pièges à chenilles fixés sur les troncs des arbres au, aux nids ou aux chenilles elles-mêmes

– Éviter les forêts infestées en cas de vent pendant les processions

– Soyez vigilants avec les enfants et ne laissez pas divaguer votre chien

– Ne pas brûler les nids, faites appel à un prestataire ou bien aux agents espaces verts de votre commune.

– Ne pas étendre son linge près d’arbres fortement envahis et par vent fort

Perspectives

La surveillance sur les zones impactées va être renforcée par les agents du département santé des forêts. Possibilité de mettre en place des pièges à phéromones connectés sur les zones infestées. Cette technique permettra de suivre le cycle de ce nuisible, notamment les périodes de vols (juin-juillet-août) qui précèderont la ponte, et donc d’anticiper les périodes de lutte.

La mise en place de lutte est recommandée sur le plan sanitaire dans les zones fréquentées uniquement : écoles, parcs, établissements sanitaires et médicaux sociaux, zones de promenades.

En forêt, la lutte n’est ni nécessaire ni souhaitable.

Les participants à la tournée sylvo-sanitaire

Vincent BISQUAY GRACIA – pôle interrégional Sud Est de la Santé des Forêts/  Jean Baptiste DAUBREE – Référent pôle interrégional Sud Est de la Santé des Forêts / Bruno MARITON – correspondant observateur CRPF 66 / Jean Philippe RIEUTOR – correspondant observateur ONF 66 / Yoan MARTY – Apprenti ONF / Laetitia BEJANIN – Chargée de mission forêt Parc Pyrénées Catalanes


Pinèdes et Pin infesté enneigé, Conat


Nid mort au sol- à Estavar


Nid de famine, Estavar


Nid avorté, Estavar

Photos © PNRPC et DR

Les chenilles affaiblissent l’arbre mais ne le tuent pas.
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