LE CATALAN
Histoire d’un peuple, d’une langue, d’une identité commune
L’aire linguistique du catalan comprend le département des Pyrénées-Orientales, en France, la Principauté d’Andorre, la Catalogne, le Pays Valencien et les îles Baléares, en Espagne. En Italie, il s’agit du petit territoire de l’Alguer, au Nord-ouest de l’île de Sardaigne où une petite communauté parle également le Catalan.
L’âge d’or et le déclin du catalan
La langue catalane a connu un développement considérable sous la domination du Royaume d’Aragon au cours duquel, la Catalogne, a acquis le statut de Comté. Le catalan devient alors une langue officielle et durant tout le Moyen-Âge, il restera la langue parlée par tous les habitants du royaume. Cette époque fut sans conteste une période d’épanouissement économique et d’une grande productivité artistique avant qu’il ne décline. À la fin du XV° siècle, au début du XVI° la tendance s’inverse ; En 1469, Ferdinand d’Aragon en épousant Isabelle de Castille concourre à l’instinction de la dynastie catalane d’Aragon. Le catalan ne se parle alors presque plus, c’est la castillanisation du royaume. La France annexe la Catalogne Nord – Pyrénées-Orientales- avec le traité des Pyrénées, en 1659.
Un regain contemporain
En 1976, Miquel Mayol, président fondateur de la Bressola inaugure le premier cursus en catalan donnant aux enfants du primaire une éducation en totale immersion. À ces prémices, l’école compte seulement 7 élèves, aujourd’hui ils sont environ 700 à avoir rejoint les bancs des sept écoles primaires et élémentaires du département dont un collège en 2008. Tout en suivant le programme scolaire de l’éducation nationale les élèves peuvent découvrir et parler à nouveau la langue de nos ancêtres.
Les goigs : tradition dans les villages
Les goigs sont des cantiques poétiques populaires qui étaient chantés lors des cérémonies religieuses, des processions, des fêtes votives et des pèlerinages, en l’honneur de la Vierge, du Christ et des Saints. Goigs signifie « joie » en catalan, car les toutes premières poésies, nous venant du Moyen Âge (XII° siècle), étaient composées sur les « joies de la Vierge ». Le XVI ° siècle voit apparaître des goigs sur des thèmes plus variés et aujourd’hui, ils n’ont pratiquement plus rien à voir avec le thème religieux. Les « goigs dels ous », littéralement « joie des œufs » est une tradition pascale au cours de laquelle les jeunes gens des villages se réunissaient, et allaient chanter des goigs à pied, de maison en maison, les villageois pour les remercier leur donnaient des œufs et du boudin, ingrédients avec lesquels ils pouvaient préparer l’omelette traditionnelle de Pâques. Aujourd’hui, de nombreux villages pratiquent encore les goigs.
Sang et or
*1 photo du pic du Canigou avec drapeau (fonds perso)
Le drapeau catalan, appelé localement « les quatre barres » ou en langue catalane la « Senyera » est attesté comme un des plus anciens drapeaux d’Europe. Son origine est légendaire, elle remonte au IX° siècle. On raconte que lors d’un long et difficile combat contre les normands, l’empereur franc, Louis le Pieux demanda au Comte de Barcelone, Guifred el Pelut, de lui venir en aide avec son armée. Au cours des affrontements, Guifred, mortellement blessé, trempa sa main dans son sang et marqua de ses doigts son bouclier jaune, faisant quatre traces rouges.
Le pic du Canigou lieu légendaire et symbole local
Le Pic du Canigou, haut sommet oriental de la chaîne des Pyrénées est considéré depuis toujours par le peuple catalan comme une montagne sacrée. Du haut de ses 2784 m d’altitude, il domine toute la plaine du Roussillon. Cet imposant sommet est en outre célèbre pour abriter sur son massif des trésors du patrimoine roman : l’abbaye de Saint Martin du Canigou et le prieuré de Serrabone. La culture catalane regorge de comtes et de légendes, elles naissent pour la plupart dans des lieux hostiles et craints. Au Moyen Age, le paysage montagnard avait, à la différence d’aujourd’hui, une très mauvaise réputation. Le massif du Canigou avec ses pentes abruptes et ses forêts profondes était considéré autrefois comme le refuge privilégié de sorcières (bruixes), de diables et autres démons.
La première ascension attestée du Canigou est datée entre 1280 et 1285 ; c’est Pierre II d’Aragon, roi de la couronne d’Aragon, qui tenta le premier l’aventure. Cet épisode historique ou légendaire, impossible de le savoir, est relaté par un moine italien du XIII° siècle, Fra Salimbene. Selon la légende, le roi partit à l’assaut du sommet avec deux de ses camarades chevaliers. Malheureusement, après un terrible orage les deux chevaliers abandonnèrent l’expédition, laissant seul Pierre II continuer l’ascension. En arrivant au sommet de la montagne, le monarque vit un étang dans lequel il jeta une pierre. Un énorme dragon sortit alors de l’eau crachant du feu dont la fumée (en) assombrit le ciel. C’est à partir de cette légende, dit-on, que chaque année est allumé par le peuple catalan, un immense feu au sommet du Canigou, à l’occasion de fête de la Saint-Jean.
Avec la contribution pour la relecture de Ramon Faura.