Le pic noir Dryocopus martius
C’est le plus grand des pics de France, avec une taille allant jusqu’à 55 cm, et une envergure parfois proche des 70 cm. Son plumage est uniformément noir, hormis au niveau de la calotte (haut de la tête chez les oiseaux), entièrement rouge chez le mâle, et rouge à l’arrière de celle-ci chez la femelle. Cet oiseau a un vol rectiligne, plutôt irrégulier.
C’est un animal diurne spécialiste des milieux forestiers, qu’il s’agisse de feuillus, de conifères ou de futaies mixtes. Il est sédentaire et plutôt solitaire, hormis lors de la période de reproduction. Il se nourrit d’insectes, majoritairement des fourmis et des coléoptères xylophages (qui se nourrissent de bois), qu’il prélève sur les arbres ou au sol. Son modus operandi consiste à perforer l’écorce des arbres pour y plonger sa langue, qui est couverte d’une sécrétion visqueuse et est garnie de fins barbillons lui permettant d’extraire ses proies.
Il niche dans des arbres (d’un diamètre suffisant, donc généralement âgés), dans lesquels il creuse une cavité, et où le couple parental, généralement uni pour une seule saison, pond ses œufs et nourrit les poussins jusqu’à leur envol. L’incubation dure une douzaine de jours, et les jeunes prennent leur envol environ 28 jours après leur naissance. Les trous creusés peuvent atteindre 60 cm de profondeur, et bénéficient à d’autres espèces comme la martre des pins, ou la chouette de Tengmalm (Aegolus funereus), autre espèce d’oiseaux d’intérêt communautaire, qui niche dans les trous abandonnés de l’espèce.
Le Pic noir dans le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes
Cette espèce est présente sur une grande partie du Paléarctique, de l’Europe occidentale jusqu’au Japon, et est globalement présente dans les massifs forestiers du territoire métropolitain. Dans le Parc, l’espèce est présente dans tous les massifs forestiers assez âgés. On peut trouver ainsi des indices de présence dans les forêts de Nyer et de la Carança, celles du Capcir ou encore les Garrotxes.
Le Pic Noir dans la réglementation
Le Pic Noir est une espèce protégée à l’échelle nationale : il est interdit de détenir un individu vivant ou mort ou encore un œuf, ou encore d’en blesser ou d’en capturer. Par ailleurs il n’est pas autorisé de sciemment perturber des individus dans leur milieu ou de porter atteinte aux nids.
Il est également inscrit en Annexe de la Directive Oiseaux, texte de lois européens qui liste des espèces d’oiseaux protégées permettant la désignation d’un site Natura 2000 (cf. le Journal du Parc édition hiver 2022 – 2023).
A se cogner la tête contre les arbres…
Ces oiseaux sont facilement reconnaissables au bruit caractéristique qu’ils produisent en tapant sur des troncs d’arbres, le tambourinage, que l’on peut entendre à plusieurs kilomètres pendant la saison de reproduction. Ce comportement ne sert pas à s’alimenter, mais à communiquer ! En tambourinant les arbres, les individus alertent les autres de leur présence. On peut différencier des espèces à partir de la cadence, de la durée des coups portés sur les troncs.
Il ne faut cependant pas confondre tambourinage et martèlement, qui est un bruit produit lors de la recherche de nourriture, beaucoup moins régulier.
La famille des Pics, un vrai casse-tête
Si les pics ne finissent pas complètement groggy après avoir cogné trop longuement des arbres, c’est que leur anatomie est totalement adaptée à ce mode de vie.
En effet, l’espace entre le cerveau et l’os crânien est très réduit, de façon à ce que l’organe ne soit pas balloté dans la cavité.
Par ailleurs, la petite taille du cerveau permet une répartition plus globale des chocs sur l’ensemble de l’organe, et non pas sur des aires spécifiques. De plus, le crâne de ces oiseaux est entouré par un os, l’os hyoïde, qui soutient leur longue langue, et qui permet également l’insertion de muscles autour de la gorge et de la tête. Ces muscles se contractent avant de donner un coup, stabilisant le crâne et la colonne vertébrale. Par ailleurs, après un coup donné, la force va de la partie supérieure du bec jusqu’à cet os, qui redirige une grande partie de l’énergie de l’impact vers les muscles et un os spongieux, absorbant ainsi l’impact.
© Francesco Veronesi